VAN GOGH ET MONTICELLI : LA CONFERENCE
(5 janvier 2009 - Amis des musées de Marseille - Centre de la Vieille Charité)

Par Mario Garibaldi

Je tiens tout d'abord à remercier notre Président Maître Alain Vidal-Naquet ainsi que Michèle Doucet dont ce fut l'idée, de m'avoir invité à venir vous raconter une histoire qui est d'autant plus belle que l'exposition Van Gogh — Monticelli, nous le savons désormais , est un véritable triomphe par le nombre des entrées mais aussi par les compliments qui lui ont été décernés par les plus importants critiques et exégètes de l'art.


Mais comme disait Elemir Bourges, cette histoire, il faut un peu la préfacer


Tout a commencé en 1913 quand un adolescent âgé de 13 ans, que rien ne prédisposait à une carrière artistique, allait faire ses devoirs chez son condisciple Rintz.

Or chez Rintz , dont les parents ont été parmi les premier « Christophe Colomb des amériques monticelliennes » comme disait Montesquiou il y avait, accrochés au mur, 30 Monticelli !!!

Et c'est ainsi que Charles Garibaldi , mon père, puisque c'est bien de lui qu'il s'agit eut la révélation de sa vocation à l'art et en particulier celui de Monticelli dont il est devenu un spécialiste.

Dès 1924, il ouvrira, bien modestement, une galerie au 16 du Boulevard Salvator, puis participera au Comité d'organisation de l'exposition du Cinquantenaire de la mort de Monticelli au musée Cantini en 1936, pour finalement ouvrir en 1947 une plus vaste galerie au 55 rue Paradis.

Là, il présenta pour l'ouverture une exposition (comme par hasard) de 30 Monticelli, avec une préface de Jean Cassou.

Puis 3 années plus tard et toujours en ce lieu quelque 20 paysages de Monticelli.

Mais en tout état de cause, on peut signaler que l'intérêt de Charles Garibaldi n'était pas uniquement concentré sur la peinture de Monticelli puisqu'il présenta, de 1947 à 1953 entre autres, une suite éblouissante d'expositions dont celles de Fernand Léger, André Gleizes, André Masson, Bernard Buffet, Fougita, Tal Coat, Picasso enfin et à 4 reprise avec des huiles, des sculptures, des dessins, des lithographies.


Revenons à Monticelli


En 1953, 'Charles Garibaldi participait avec Germain Bazin à l'organisation de l'exposition « Monticelli et le Baroque Provençal » à l'Orangerie des Tuileries et dans sa préface ce dernier a employé une formule qui est la clef de voûte de 1' exposition d'aujourd'hui : "Monticelli est le chaînon nécessaire entre Delacroix et Van Gogh."

A l'époque où cette pensée fut émise, la plupart des lettres de Vincent Van Gogh étaient connues et en particulier celle qu'il écrivit à Georges-Albert Aurier le 18 février 1890 pour le remercier des compliments que celui-ci lui avait décerné à l'occasion de la seule et unique exposition qu'il eut de son vivant celle de 6 de ses oeuvres chez les XX à Bruxelles.

Marie Paule Vial n'a fait qu'évoquer cette lettre dans son texte, ce qui me laisse le privilège de vous en lire quelques passages qui, je le crois vous intéresseront :

"Cher Monsieur Aurier,
Merci beaucoup de votre article dans le Mercure de France, lequel m'a beaucoup surpris. Je l'aime beaucoup, comme oeuvre d'art en soi, je trouve que vous faites de la couleur avec vos paroles ; enfin dans votre article je retrouve mes toiles mais meilleures qu'elles ne le sont en réalité, plus riches, plus significatives. Pourtant je me sens mal à l'aise lorsque j'y songe que plutôt qu'à moi ce que vous dites reviendrait à d'autres. Par exemple à Monticelli surtout. Parlant de "Il est que je sache le seul peintre qui perçoive le chromatisme des choses avec cette intensité, avec cette qualité métallique, gemmique" s'il vous plaît d'aller voir chez mon frère certain bouquet de Monticelli -bouquet en blanc, myosotis et orangé- alors vous sentirez ce que je veux dire.

JE PRECISE QUE LE BOUQUET EN QUESTION ou plutôt sa réplique à l'identique EST LA PREMIERE ŒUVRE DE LA 2ème salle de L'EXPOSITION FLEURS DANS UN VASE A TROIS PIEDS »
ON PEUT EN JUGER : LES DEUX SONT REPRODUITS DANS LE CATALOGUE

Je reprends la lecture de la lettre qui illustre du reste  magnifiquement hi démarche de Marie-Paule Vial et Luc Georget


Mais depuis longtemps les meilleurs, les plus étonnants Monticelli sont en Ecosse, en Angleterre. Dans un musée du Nord, celui de Lille, je crois, il doit cependant encore y avoir une merveille de lui, autrement riche et certes non moins française que le "Départ pour Cythère" de Watteau.

Actuellement, Monsieur Lauzet est en train de reproduire une trentaine de Monticelli. C'EST L'ALBUM QUI FIGURE A L'EXPO

Ainsi, à ce que je sache, il n'y a pas de coloriste venant aussi droit et directement de Delacroix ; et pourtant est-il probable, à mon avis, que Monticelli ne tenait que de seconde main les théories de la couleur de Delacroix ; notamment, il les tenait de Diaz, de Ziem.

"Eh bien, c'était donc pour dire que sur mon nom paraissent s'égarer des choses que vous feriez mieux de dire de Monticelli auquel je dois beaucoup. Ensuite je dois beaucoup à Paul Gauguin avec lequel j'ai travaillé durant quelques mois à Arles et que d'ailleurs je connaissais déjà à Paris.

Veuillez à l'occasion, en souvenir de lui, un peu voir cette étude laquelle est toute entière dans les tons rompus verts et rouges. Vous vous apercevrez donc peut-être que votre article eût été plus juste et il me semblerait- en conséquence plus puissant -si traitant la question d'avenir "peinture des Tropiques" et la question de couleur vous y eussiez , avant de parler de moi , fait justice pour Gauguin et pour Monticelli." (1)


Cette dernière remarque nous amène à poser le problème


Si les rapports de Van Gogh et de Gauguin étaient bien connus, il n'en allait pas de même de ceux qu'il aurait pu avoir avec Monticelli qui paraissaient considérablement plus énigmatiques.

En effet, Vincent arrive à Paris le 28 février 1886 alors que Monticelli, déjà gravement atteint d'hémiplégie, est à Marseille, sa ville natale, où il mourra le 29 juin de la même année, alors que Vincent vient à peine d'apprendre son existence et l'on pouvait dès lors s'interroger sur les circonstances dans lesquelles Vincent, qui n'a donc jamais vu l'homme, a pu connaître sa peinture et susciter la pertinente observation émise par Germain Bazin en 1953(2)

Les lettre de Vincent apprennent déjà que ce fut grâce à Alexander Reid , ce marchand d'art anglais qui un temps fit chambre commune avec lui chez Théo, que les frères Van Gogh ont été amenés chez un certain Delarebeyerette où Vincent a découvert la peinture de Monticelli que Théo connaissait déjà pour en avoir vendu.

Mais n'avait pas été mise en évidence avec l'importance qu'elle mérite, l'ampleur de la vision qu'a pu avoir Vincent sur la peinture de Monticelli, ce qui a du reste été l'un des éléments déterminants de son départ dans le sud où il arrive à Arles « sur lia route de Marseille ».


Et c'est là que j'interviens


Les recherche entreprises pour réaliser la monographie que j'ai réussi à faire publier en 1991 par Skira et les découvertes qui prolongent les travaux de mon père, dont celle de la clef du mystère ont fait qu'aujourd'hui, c'est moi qui ai eu l'honneur de participer aux côtés de Marie-Paule Vial et de Luc Georget à la réalisation au Centre de la Vieille Charité d'un voeu que Van Gogh lui-même avait émis en parlant de l'oeuvre , La Vigne Rouge qui fut du reste celle vendue en 1890: « Je crois que tu pourras le montrer à côté des paysages de Monticelli. ».


INCISE
Si vous me le permettez, je rappellerai que Madame Rosanbianca Skira , - n'était autre que la fille du grand Lionello Venturi, le premier historien de Cézanne- qui était venu à Marseille lors de l'exposition au Musée Cantini au Cinquantenaire de la mort de Monticelli en 1936 .

Et je me souviens que j'avais emporté la conviction de Madame Skira en lui disant qu'à la suite de cette visite son père avait écrit pour le Burlington Magazine un article intitulé « A new appreciation on Monticelli », dans lequel, lui le premier à l'époque, reconnaissait que l'histoire de l'art était passée à côté d'un artiste qu'il déclarait digne de figurer parmi les plus grands, dont Cézanne.

Ayant exposé à Madame Skira que mon père avait participé à l'organisation cette exposition, elle s'était exclamée « ah bon c'est donc une histoire de famille » et elle avait décidé d' éditer la monographie qui porte le nom de mon père et le mien.

Au cours donc des recherches effectuées en vue de la publication de cet ouvrage, - recherches auxquelles Luc Georget, - déjà lui - a activement participé- j'ai eu la chance de découvrir des documents relatifs à Joseph Delarebeyrette, lequel au numéro 43 de la rue de Provence à Paris faisait le commerce de tableaux, assurait leur rentoilage et leur restauration, et donnait également dans la décoration en proposant des dessus de porte...

C'est Delarebeyrettte qui achetait déjà des oeuvres à Monticelli alors qu'il se trouvait à Paris durant la période 1863/1870 et habitait dans les environs, aux Lilas, à Romainville ( VOUS AVEZ DU RESTE UNE ŒUVRE DATANT DE L'EPOQUE LE PRINTEMPS A ROMAINVILLE ).

C'est chez Delarebeyrette que les collectionneurs Anglais et Ecossais Coats, Burrel avaient acquis les oeuvres de Monticelli dont parle
Vincent et Francis Fowle aujourd'hui.

Eclate la guerre avec la Prusse.Monticelli après la défaite de Sedan, bat en retraite et va prendre à pied le chemin du retour pour Marseille en disparaissant brusquement, sans même signaler son départ à Delarebeyrette qui va le croire mort pendant de nombreuses années, jusqu'en 1880.

En 1880 allait en effet survenir un évènement déterminant: la présentation d'une oeuvre de Monticelli à Paris, au Salon à fia faveur d'une supercherie que Luc Georget a relevée et que je ne résiste pas au plaisir de votes narrer :

C'est vraisemblablement grâce à l'intervention d'un peintre italien, Enrico Cavalli que s'est tramée la supercherie.

Celui-ci avait été l'élève de Guichard à Lyon et en 1871, chassé d'Italie par la guerre s'était réfugié en France.

Sur le conseil de Guichard, manifestement marqué par ce qu"il avait perçu chez Monticelli lors de son passage à Lyon en 1870, Cavalli viendra prendre la leçon de Monticelli à Marseille où il va résider jusqu'en 1881, avant de retourner en Italie, dans le Val Vigezzo, vallée piémontaise où il créera tout un mouvement prolongeant le "faire" Monticellien;"

C'est manifestement de sa relation avec Cavalli que Monticelli usera pour être assimilé à un étranger, plus facile à accepter à Paris qu'un provincial.

Au Catalogue du Salon de 1880, Monticelli apparait en effet comme un peintre "de l'Académie de Venise, habitant à Venise et à Paris chez Monsieur Rossi, 91 Avenue des Champs Elysées".

Luc Georget a trouvé lors des recherches dont il a bien voulu me faire bénéficier qu'Alessandro Rossi était un sculpteur italien qui servait en quelque sorte un rôle de représentant à plusieurs artistes italiens, parmi lesquels De Nigris, Mancini, Michetti, Marinelli, Maccari, dix en tout qui figurent dans le catalogue du Salon comme étant domiciliés chez lui..., tout comme Monticelli.

Détail savoureux, le tableau que présentait Monticelli au Salon de 1880 s'appelait " Une Conspiration "... C'est un fameux clin d'oeil qu'il nous a lancé à travers le temps.

J'en profite pour vous faire partager un autre clin d'oeil de Monticelli, c'est celui de ses signatures de ses paysages.

Les Levers de soleil sont signés en bas à droite
Les Couchers de Soleil sont signés en bas à gauche

Très vraisemblablement ce fut en raison de son appartenance fictive à l'Académie de Venise que Monticelli allait être invité en tant que représentant de l'Italie par Octave Maus en 1885, en vue de l'exposition des XX de 1886...

C'est aussi vraisemblablement grâce à la mystification ayant permis l'admission de cette cette "Conspiration" au Salon de 1880 que Joseph Delarebeyrette allait apprendre que Monticelli était toujours vivant, qu'il vivait à Marseille où il viendra en 1881 le rencontrer et renouer avec lui en recommençant à acquérir des oeuvres, correspondant désormais avec un certain Pierre Piquet qui fut l'ami et joua en quelque sorte le rôle "de factotum" ou de secrétaire de Monticelli à Marseille dans les années 80.


ET NOUS Y VOILA


Il s'est trouvé que Monsieur Eléonor Monticelli , petit neveu de Monticelli avait épousé la petite fille de Pierre Piquet et c'est dans cette famille que les lettres de Joseph, puis Gabriel Delarebeyrette à Pierre Piquet m'attendaient.

Ces lettres apprennent tout d'abord qu'à l'époque de la visite des frères Van Gogh au 43 de la rue de Provence, visite que l'on peut situer sans l'ombre d'un doute au plus tard à la fin du printemps 1886, Joseph Delarebeyrette était déjà gravement malade : il disparaîtra à la fin du mois de septembre 1886, ne survivant donc que trois mois à Monticelli dont le décès était survenu le 29 juin.

Ce fut donc de son épouse, dont Vincent transformera parfois le nom d'une manière tout à fait plaisante, en l'appelant par exemple De la Roquette, et de son fils, Gabriel, que les frères Van Gogh apprirent une histoire de Monticelli forcément imparfaite et non exempte de certaines exagérations ou déformations.

En particulier, il semble que les Delarebeyrette aient colporté une propension à boire de Monticelli que Vincent ne tardera pas à justement remettre en cause, car, s'il fut un bon vivant jamais Monticelli ne sombra dans l'alcoolisme dont on confondit les manifestations avec les marques du mal qui finalement l'emporta aphasique.

Jamais non plus Monticelli ne se débattit dans la misère.

Mais surtout, ces lettres établissent que Vincent Van Gogh a pu  avoir une très large vision sur l'oeuvre de Monticelli.

En effet, selon les termes de la lettre de Gabriel Delarebeyrette à Pierre Piquet en date du ler Février 1886, il apparaît qu'à l'époque où les frères Van Gogh se rendirent rue de Provence, un nombre important d' oeuvres de Monticelli s'y trouvaient:

"Hélas, à Paris, nous n'avons pas la même facilité que vous d'écouler les Monticelli. Nous en avons une quarantaine en magasin, et aucun s'en va".

Ainsi donc, c'est une vision très étendue que Vincent sera amené à posséder des oeuvres de Monticelli, et sans doute celles des années 1881-85, période de plénitude et d'ultime progression dans l'emploi d'une matière triturée, torturée, expressive. (ARBRES SUR DES ROCHERS CONTRE UN COUCHANT —SAINT-HENRY- ROCHE PERCEE)

La connaissance approfondie de ce travail va s'avérer déterminante sur sa vie et sa recherche . On sait en effet que ce fut véritablement une révélation : malgré leur peu de moyens, les frères Van Gogh (c'est Théo qui finançait) allaient acquérir, en 1887, quatre peintures de Monticelli dans plusieurs des genres pratiqués par lui :

La Femme au puits, QUE VOUS AVEZ DANS L'EXPOSITION Arabes et Cavaliers ,
La Femme à l'ombrelle
et Réunion de Cavaliers dans un bois.

La récente exposition consacrée à Théo Van Gogh nous a appris qu'un cinquième tableau L'Italienne, a été offert à Théo en novembre 1886 par Boussod & Valadon.

Quant au fameux Bouquet dans un vase à trois pieds, dont Vincent parle à Aurier , il semble évident que c'est le tableau que Reid leur a offert et dont Vincent parle à Théo dans la lettre du mois de février 1888 "Il nous a fait cadeau d'un très beau tableau" (lequel tableau, soit dit entre parenthèses, on avait l'intention d'acquérir)" ; on peut encore y ajouter le fait qu'en contrepartie, ce seront ses deux portraits par Vincent Van Gogh qui seront offerts par celui-ci à Reid.

Si, comme il paraît, le cadeau fait par Alexander Reid n'est pas intervenu immédiatement dès la première visite des frères Van Gogh chez Delarebeyrette, d'autant plus grande est l'importance de l'adhésion de Vincent à cette peinture, en raison de la transformation apparue dans son travail, - notamment dans ses Bouquets de fleurs par exemple les Zinnias, GLAIEULSs et autres Pivoines CHRYSANTHEMES qui datent de l'été 1886 dont la similitude du thème et la proximité du faire sont criantes d'évidence.

Si chez Delacroix il a puisé les lois des couleurs, des contrastes simultanés, des emplois de complémentaires, c'est bien chez Monticelli qu'il a trouvé cette matière empâtée , vivante, colorée, qui correspond si étroitement avec son idée de toujours :

"Le vrai dessin, c'est de modeler avec la couleur."


D'OU MON IDEE D EXPOSITION


Ma découverte établissant que Vincent Van Gogh avait pu avoir une très large vision sur l'oeuvre de Monticelli, l'idée m'était venue de reconstituer une possible collection des 40 peintures de celui-ci qu'il avait pu voir , ceci à travers ses écrits et ses oeuvres dont certaines auraient pu venir illustrer le propos.

Bien entendu j'ai entretenu mon cher ami Marc Stammégna de ce projet et il m'a fait bénéficier de sa documentation iconographique ce qui m'a aidé à préparer il y a quatre ans années un projet d'exposition que j'ai remis à Marie—Paule Vial— sous la forme d'un classeur le voilà — où figurent les oeuvres de Monticelli et de Vincent qui peuvent ainsi être rapprochées.

En lui disant que si l'on avait dix Van Gogh pour illustrer les rapprochements cela serait extraordinaire et que 5 ou 6 serait déjà remarquable.

J'ai eu l'immense joie de voir Marie-Paule Vial s'investir avec passion dans ce projet qui a aussi été soutenu et encouragé par Jean Mangion , Directeur des Affaires Culturelles de la Ville de Marseille ce qui lui a permis de le faire évoluer d'une manière inouie puisqu'elle a réuni quelque 18 Van Gogh grâce à une opiniâtreté qui n'a d'égale que son efficacité et l'audience dont elle jouit dans le monde entier auprès de ses confrères les Conservateurs des plus grands Musées.

Mais le mérite de Marie-Paule Vial ne se limite pas à avoir obtenu les 18 prêts en question :

avec le concours de Luc Georget, de Frances Fowle et de Martin Bailey, elle a réussi à monter une exposition et à réaliser un catalogue qui non seulement apportent des éléments d'informations nouveaux et fort intéressants mais aussi et surtout viennent réparer une injustice .

Eugène Boudin a dit « On n'invente pas un art tout seul dans un coin de province , sans critique, sans moyen de comparaison, sans conviction arrêtée. »

Et bien l'exposition démontre que depuis Marseille et tout seul Monticelli qui disait « je peins pour trente ans » , avait cette conviction d'ouvrir une voie que la modernité allait emprunter, ce qu'elle fit grâce en particulier à Vincent van Gogh qui recueillit son apport et le proclama avec une extraordinaire honnêteté.

Voilà donc pourquoi nous voilà ainsi réunis aujourd'hui et je profite de l'occasion qui m'est ainsi donnée pour saluer et remercier Monsieur Jean-Claude Gaudin, notre Sénateur-Maire, ainsi que Jean Mangion dont j'ai le privilège d'être l'ami, sans l'appui desquels rien n'aurait été possible.

Encore un mot et ce sera le dernier, il vient de Jacqueline Garibaldi, ma mère qui, à l'annonce de cette exposition m'a dit : « Voila qui
aurait fait plaisir à...« et je pensais qu'elle allait dire « à ton père ».

Pas du tout « Voilà qui aurait fait plaisir à Van Gogh » m'a-t-elle dit.

Et ceci est tellement juste, si l'on se replace en 1890 alors que les oeuvres de Monticelli étaient déjà célèbres et celles de Van Gogh encore inconnues.
Inutile de vous dire que malgré son état d'extrême faiblesse, nous avons fêté ses 96 ans en juillet dernier, j'ai eu la joie d'amener ma mère cet été à la Vieille Charité et de lui montrer l'exposition.